vendredi 9 mars 2007

Amsterdam Realtime, 2002

Amsterdam Realtime « Diary in Traces » est un projet de cartographie urbaine, réalisé par l’artiste Esther Polak et la WAAG Society, explorant les potentiels d’usages des outils de géolocalisation.



Depuis 2002, l’expérimentation artistique a réuni une soixantaine d’habitants d’Amsterdam, aux profils variés (femmes, hommes, possédant un chien, usagers des transports publics ou effectuant leurs trajets à vélo, étudiants, restaurateurs, membres hospitaliers, chauffeurs, etc.) Chaque participant est équipé d’un dispositif GPS, clipsé à son téléphone portable, permettant au système de les localiser à chacun de leur déplacement. Un serveur récupère les données émises par chaque individu et effectue une représentation temps réel des coordonnées spatiales (et temporelles), directement visible sur une interface numérique, de type écran. Chaque participant reçoit ensuite une carte retraçant ses trajets quotidiens, symbolisant ainsi son agenda journalier par le dessin et le plan. Ce tracé graphique témoigne des mobilités quotidiennes de plusieurs personnages à travers la ville d’Amsterdam.
Le projet met en avant la manière dont chacun aborde la ville. Il se base sur l’idée que chaque personne emprunte régulièrement les mêmes trajets fixes dans sa ville, mais aussi que les perceptions individuelles diffèrent dans la manière dont on pratique la même ville. Il se dessine alors une superposition de cartes individuelles de la ville d’Amsterdam, pratiquée de manière très différente d’un individu à l’autre.
Le projet ne consiste pas à pister les déplacements de chaque individu ni à les enregistrer à des fins commerciales ou administratives. Le projet axe la recherche sur l’interaction et les relations entre les mobilités individuelles et l’espace partagé. Ainsi l’artiste met en avant des modalités d’interaction, qui ne font plus usage des outils du téléphone portable pour agir sur l’espace urbain physique (comme les messages envoyés dans le projet Yellow Arrow par exemple). La relation à l’espace s’effectue de manière plus intuitive, plus sensible, et plus invisible aussi (non contrôlée par le citadin). La cartographie qui se dégage de l’expérimentation est plus visuelle qu’informative.
Le mouvement humain dessine la carte. L’aspect visuel du projet est donné par les données géographiques et temporelles de ces participants. L’esthétique est assez simple ; la topographie ou l’aspect géographique de la carte traditionnelle n’apparaissent pas. L’espace de représentation est noir, chaque individu est représenté par un point lumineux, qui laisse une trace blanche lumineuse qui apparaît à l’écran. Plus le déplacement est récent, plus le trait est lumineux. Cette constellation brillante et mouvante des mobilités individuelles privées constitue des cartes invisibles individuelles, qui se superposent pour former une carte collective nouvelle et expérimentale de la ville.


La WAAG Society est un groupe hollandais, basé à Amsterdam, fondé en 1994, dont le but est de mettre les nouveaux médias à disposition de personnes qui n’ont pas accès aux ordinateurs et à Internet. Au fil des années, la WAAG Society a constitué un réseau de compétence, de connaissance, d’apprentissage et de recherche sur les nouvelles technologies, l’art et la culture, réunissant entreprises, artistes et universités autour de projets de recherche. A l’occasion de l’exposition « cartes d’Amsterdam 1866 – 2000 » qui s’est tenue à Amsterdam en 2002, l’artiste Ether Polak et la WAAG Society ont décidé de produire une carte actuelle de la ville, dans un souci d’usage d’outils contemporains (dynamiques) appropriés et en apportant la dimension participative à la cartographie.

Aucun commentaire: